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Maison Longue d'Avalon
1 mai 2019

Les secrets discrets de l'univers : La disposition comme principe universel.

La « disposition – résonance » et les dieux.

Par Jean-Claude ANQUETIL-  été 2013

Les anciens des Védas imaginaient l’univers en le figurant sous forme de trois grands  dieux ou de trois grandes forces : Une fonction créatrice et conservatoire des formes, fonction de Vishnou avec son opposé une force de dissolution et d’anéantissement  attribuée à Shiva et une fonction cosmique d'équilibration des contraires œuvre universelle de Brahma le créateur du mouvement de toutes choses.

Les anciens prenaient exemple sur  les sphères célestes,  qui veut que le mouvement orbital d’une planète soit un point dynamique d'équilibre entre une tendance à l’échappement, force centrifuge et une tendance à l’attraction centripète vers une masse plus lourde, le mouvement dynamique d’orbitation assurant l’équilibre entre ces deux forces.

orbitation

Ce concept  trinitaire dynamique reste d’une grande pertinence pour qui veut comprendre le monde,  même aujourd’hui.

Le Cosmos des formes dans le champ du possible structure l’ensemble du visible et l’univers du pensable.

Qu’elle soit de nature visible ou conceptuelle l’homme perçoit l’univers des formes physiques ou mentales  comme la vision d’une relation de positionnement, de placement des objets dans un système constituant une forme particulière,  un principe archaïque fondamental, le principe universel de « disposition - résonance » .

Toute forme physique, conceptuelle ou mathématique est composée d’objets  disposés dans un certain jeu  constituant ainsi une structure de forme; faites disparaître une partie de l’assemblage ou modifiez-en  la disposition et là,  la structure disparaît ou mute vers l’apparition d’une architecture différente, qui reprend et réorganise à son profit, une partie des objets de l’ancienne structure et cela à l’infini.

Dans notre univers constitué d'un puissant substrat de dynamique temporelle, chaque objet dans le cadre de la disposition de la structure entre en résonance les uns avec les autres, les anciens appelaient cela « la musique des sphères », symphonie des interactions en mouvement dans l’univers.

Les anciens avaient perpétuellement à l’esprit ce concept, avec la prudence de penser,  que tout changement dans  la tradition était à étudier avec circonspection,  la conservation des formes dans le dispositif des sociétés anciennes avait une valeur de solidité dans un cosmos conçu comme un chaos incessant des formes en mouvement.

Trimûrti La Trimūrti est représentée soit par les dieux Brahmâ, Vishnou et Shiva assis ou debout côte à côte, soit par les têtes de ces trois divinités réunies en un seul corps

 

C’est pour cela que Vishnou le « protecteur » est l’ agglomérateur centrifuge de la société, il construit et protège par cette fonction les mythes fondateurs communautaires.

Si Vishnou est le protecteur agglomérateur des formes, par contre  Shiva est le dieu de la  dissolution désintégrante indispensable au renouvellement de toutes structures, Brahma et son principe « Raja » d’équilibration se place à mi-distance.

Brahma est le principe créateur premier de l’énergie du vide et paradoxalement de « l’identité » pourquoi ?

Sachant que tout objet dans l’univers est généré par la disposition  singulière des différents éléments qui le composent, cette certaine façon, la « composition-disposition »  détermine l’identité de la nouvelle forme.

Le bouddhisme décline ce concept sous l’appellation « Il n’y pas d’être en soi » !

Dans le sens où le bouddha indique l’interdépendance des formes et des phénomènes et leurs caractères transitoires.

Rien dans l’univers n’existe indépendamment de l’univers lui-même, il prend l’exemple d’une cruche crée par un potier avec de la terre, de l’eau et du feu, sa forme de contenant accueille un liquide, mais un jour la cruche se cassera et deviendra tessons,  le liquide séparé du monde par la paroi s’écoulera alors vers le grand tout, ainsi est, le « moi » de l’homme sans personnalité éternelle, uniquement forme transitoire, du à une construction singulière éphémère !

Pourtant l’esprit qui regarde l’univers des formes matérielles perçoit des identités et est comme halluciné par celles-ci, voyant les formes instantanées  mais ne comprenant pas la dynamique qui est à l’œuvre !

Comprendre  l’identité c’est comprendre la dynamique des formes, saisir le concept qu’il n’y a « personne » au centre seulement Brahma, énergie hallucinatoire de la composition des formes et de la dynamique de leurs mouvements.

 

Si nous désignons un être humain par les mots  « c’est une personne » il faut se rappeler  le cyclope Polyphème de l’Odyssée qui demande son nom à Ulysse celui-ci lui dit, je m’appelle « personne » !

Ulysse et Poly

Une fois l’œil crevé par Ulysse, aveugle, le cyclope demande de l’aide à ses congénères, « Qui t'ennuie demandent-ils ? » et le pauvre cyclope ne peut que répondre, « personne ».

Le mythe grec par la bouche d'Homère nous propose là, une image  où le  cyclope Polyphème représente  la force primordiale indifférenciée de l’univers qui est rendu aveugle par Ulysse pour lui permettre d’attester  sa singularité et sa liberté.

Pour preuve, celui-ci  une fois sauvé, sur son bateau, comme une affirmation de sa position d’individu, criera son  nom au cyclope resté sur la plage :  « Je suis Ulysse roi d’Ithaque !»

En Grèce ancienne le mot persona ou prosopon désignait le masque des comédiens au théâtre, les masques donnant l’apparence momentanée d’un personnage, seulement l’apparence !

A la fois présence à l’autre et  absence humaine sur le théâtre du cosmos, ainsi se joue la pièce,  l’identité de la personne se définissant  par rapport à l’autre, l’ensemble prit dans le dispositif scénique dramatique de l’action à un instant « T ».

 

L’homme ne peut se résoudre à vivre sans recherche d’identité, si l’identité définie ce qui est indivisible chez un individu (définition du mot) comme dit le bouddhisme « tout est impermanent»  le singulier, homme et toutes formes sont uniquement dans l’espace-temps, un phénomène transitoire.

Les différents éléments en congruence et cohérence pour nouvelle forme visible, seuls déterminent donc, une identité.

Cette notion dans son aspect conservation de la forme : identité d’une race, identité d’un peuple, d’une nation, d’une société, d’une culture est un débat récurrent qui agite la  modernité.

Mais si l’univers naturant cherche la création des formes, l’homme cherche une mémoire qui le sécurise dans la conservation de celle-ci.

Cette recherche  d’être un mammifère « conservateur » correspond à une tendance qui n’est pas à juger en termes de morale de bien et de mal mais d’équilibration des  tendances entre le principe Vishnou l'agglomérateur et le principe Shiva-Kali qui lui est le chaos destructeur de la forme.

D'où aujourd'hui en politique la lutte hystérique entre les tenants de la construction conservatrice et les déconstructeurs démolisseurs de toutes formes.

Sagesse : Oui les sociétés humaines doivent préserver leurs identités singulières, mais aussi participer de l’évolution créatrice par la dissolution des formes, tout est notion de dosage, donc de sagesse.

 

L’important est de ne pas confondre le concept avec la réalité restreinte de la forme singulière, confusion qui est faite pratiquement constamment dans le discours occidental.

L’homme participant de la condition du règne vivant, est soumis à la chute possible dans la souffrance physique liée à sa condition d’individu, celui qui est « in-divisible »  donc  séparé du tout momentanément et qui dans cet état ne peut fuir la caverne, la prison de l’individuation comme le fait symboliquement Ulysse en  mettant  son « moi » à distance pour se penser alors comme « personne » !

Dans cette situation de danger et de souffrance, cette ruse le sauve, car ce héros sagace sait qu'il participe d'une scène, d'un drame : Le  théâtre des forces cosmiques cyclopéennes des géants ouraniens.

 

La condition humaine biologique qui est la séparation d’avec le grand tout indifférencié par la création génétique d’un individu spécimen dans son espèce, mais qui devient un individu singulier par sa rencontre avec la réalité localisée, la rencontre avec son histoire de vie totalement individuelle, personnelle mais participant en même temps d'un drame cosmique au delà de lui même.

 

Une bêtise :

Penser comme le prône la pensée occidentale  que le concept peut se substituer à l’être singulier est une bêtise souvent répandue.

Prenons un arbre, si comme le dit le biologiste Francis Hallé, « il y a 22 concepts de formes d’arbres  dans la nature et pas plus », mais heureusement l’arbre qui est dans votre jardin n’est pas un concept, il a une histoire de vie  un lieu unique dans un espace temps pour son développement.

De plus une idée d’arbre ne produira jamais vos cerises en été et vos pommes en automnes ni ne peut  souffrir de sécheresse, ni d’une attaque d’insectes. Le « concept » d’arbre, n’existe pas dans un jardin réel mais dans une autre sphère,  le plan de l’intellect !

Cet arbre réel, véritable et vénérable de votre jardin est un univers, un microcosme à l'image du macrocosme divin, donc une disposition unique et singulière avec en lui la tendance du vivant à une forte et certaine fermeture au grand tout indifférencié.

L’univers naturant ne cherche pas le magma indistinct de la matière non séparée, mais le contraire : la singularité des formes justement associées, qui modèlent, architecturent alors véritablement le grand univers cosmique.

« Les phénomènes, en particulier biologiques, sont d’autant plus probables qu’ils se produisent à fréquence rapide et de ce fait la croissance et le comportement biologiques s’inscrivent dans des schémas établis par d’autres évènements similaires précédents que nous avons du mal a percevoir », comme le propose  Sheldrake  dans l’Hypothèse de la Résonance Morphique, ou d’autres travaux liés à la morphogénése comme ceux de   Pierre-François Puech, René Thom ou d’Alan Turing.

Penser la condition  humaine par exemple uniquement de manière univoque universaliste et globalisante est une réduction qui mène souvent aux pires conceptions totalitaires. L’important est de savoir que le centre est vide, rien n’existe en soi, un peuple une nation ne peut se définir par l’essence comme s’il existait un "être en soi" du peuple ou de la nation, mais c’est aussi bête de penser que le peuple et la nation ne sont que non existence, seulement une construction à dissoudre dans le concept de métissage et d’universalité sans lieu ni singularité ?

Comme toutes les formes dans le cosmos  l’homme singulier n’est pas réductible au semblable comme prit dans une masse conceptuelle ?

Hiranyagarbha L'embryon-d'or (Hirannya-garbha), ou le progéniteur (Prajâpati). Symbolise dès le commencement cette possibilité d'existence résultant de la coordination des contraires / Semence de tout ce qui est.

L’homme comme toutes formes dans le cosmos est intrinsèquement singularité  car "disposé" ici et maintenant dans un espace temps fabuleusement particulier.   -----------------------------------------------

 

Note : Brahmâ crée l'Univers sous sa forme matérielle primitive. C'est Hiranyagarbha, l'Oeuf d'Or, resplendissant comme mille soleils, la matrice universelle, l'oeuf cosmique (bindu). Cet "Oeuf" se divise aussitôt et sa partie supérieure forme le Ciel tandis que sa partie inférieure forme la Terre.

Conception également de la cosmologie gauloise- Source voir Jean-Paul Savignac vidéo

La similitude de conception avec l'hypothèse scientifique du Big Bang originel n'a pas échappé à de nombreux commentateurs contemporains……...

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Cette recherche de l’identité est inscrite dans l’univers dans le fractionnement en structures singulières dû au positionnement dans un lieu et un espace temps réduit de l’observateur. Voir les travaux de  Hermann Minkowski

 

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